Ah, la douche du matin : moment sacré qui réveille, détend, et… parfois se transforme en confessional de secrets liquides. Oui, on parle bien d’uriner sous la douche ! Sauver la planète ou saboter sa vessie ? Sous ses airs de geste écolo, le pipi sous la douche divise et, selon les pros de la santé, n’est pas sans conséquences sérieuses.
Pipi sous la douche : une pratique (trop) courante
- Certains trouvent ça franchement dégoûtant ; d’autres en font un rituel matinal inébranlable, jambes légèrement écartées, prêts à sauver le monde… Trois litres d’eau économisés, ça n’est pas rien !
- La marque britannique Showers to you affirme, dans un communiqué envoyé à toutes les rédactions du pays, que 76 % des personnes admettent uriner sous la douche. Oui, autant dire que c’est devenu aussi banal que de se laver les cheveux (d’ailleurs, pensez à vos bondes encombrées de cheveux… ambiance).
- Selon cette société anglaise, cela représenterait une économie estimée entre 2 555 et 4 380 litres d’eau par an et par foyer. Bon, si l’on sort la calculette, ces chiffres semblent un brin exagérés. Mais, sur le fond, on ne va pas chipoter : c’est un geste qui paraît bénéfique pour l’environnement.
L’avis divisé de la médecine
Mais alors, où est le hic ? Sur le plan de la santé, la question devient nettement moins unanime. Dans ce même communiqué, Showers to you relaie l’avis du Dr Hana Patel, médecin généraliste.
- Elle explique qu’uriner sous la douche peut aider à détendre les muscles du plancher pelvien et à vider la vessie plus complètement… mais à condition d’être assis ou accroupi (ce qui, avouons-le, est une drôle d’image en plein shampooing).
- Le bruit de l’eau courante ? Oui, il a la capacité de faciliter l’urination, surtout pour ceux qui ont du mal à « se lancer », le jet apaisant permettant de détendre les muscles de la vessie.
Mais pour la majorité, ce réflexe n’est pas sans risque… et c’est là que les pros tirent la sonnette d’alarme.
Un réflexe à double tranchant
Sandrine, kinésithérapeute spécialisée en rééducation périnéale, prévient : uriner sous la douche n’est pas aussi anodin qu’il y paraît. « C’est une très mauvaise habitude. On appelle ça des urgences mictionnelles, et ça peut devenir très gênant. » En cause : le cerveau qui, habitué à associer le bruit de l’eau au besoin d’uriner, finit par envoyer un signal à la vessie à chaque son aquatique.
- Résultat : certaines femmes ne parviennent plus à se retenir en se lavant les mains ou même en entendant la pluie tomber.
- Même le froid ou le stress peuvent déclencher ce fameux « pipi de la peur » (avant un match, par exemple), preuve que notre cerveau adore faire des associations… parfois au détriment de notre culotte.
Et ce n’est pas un cas rare : selon la kinésithérapeute, « dans la très grande majorité des cas, les femmes souffrant d’instabilités vésicales sont adeptes du pipi sous la douche. » Un sujet trop méconnu, selon elle.
Bernadette de Gasquet, médecin et professeure de yoga spécialisée en rééducation périnéale, partage le même constat : « Parfois, la vessie est un peu sensible. Si on l’habitue à se vider à chaque contact avec l’eau, le corps risque d’avoir le même réflexe à chaque fois. » Bref, un automatisme dont il vaut mieux se passer.
L’art d’éviter les accidents : conseils pratiques
Minute rassurante : ce n’est pas une question de vie ou de mort. Comme le dit Bernadette de Gasquet, « si on le fait de temps en temps, il ne va pas se passer grand-chose non plus. » Mais elle conseille de « faire attention à la maîtrise de son périnée, » surtout pour les femmes, souvent plus sensibles à ces dérèglements.
- Des petits exercices permettent de s’entraîner à résister à l’appel pressant : ce sont des « faux besoins », car le cerveau envoie un faux message. Il faut le court-circuiter !
- Astuce : occupez votre cerveau, par exemple en faisant du calcul mental en vous lavant les mains (428 x 18 = culotte sèche… et cerveau occupé !).
En conclusion : Uriner sous la douche peut sembler un geste malin et écolo, mais à la longue, il risque de jouer des tours inattendus à votre vessie. Faites-le occasionnellement si vous y tenez, mais gardez à l’esprit que votre cerveau est un farceur : il pourrait bien vous donner envie de pipi au prochain nuage ou au robinet qui coule. À vous de choisir votre camp : villégiature humide ou contrôle périnéal. Et souvenez-vous, au pire, il vous restera le calcul mental.
