Et si la prochaine grande révolution beauté venait de là où on s’y attend le moins ? En Corée du Sud, un vent de révolte secoue les codes traditionnels : adieu les standards figés, place à la force, au sport et à l’affirmation de soi. Les jeunes Coréen(ne)s n’ont plus (trop) envie de ressembler à des poupées de porcelaine fragiles – et ça, ça change tout.
Geongangmi : la nouvelle vague du “corps sain”
Depuis quelques années, un nouvel idéal féminin commence à s’imposer dans la jeunesse sud-coréenne. Oubliez la minceur extrême et la pâleur presque surnaturelle qui régnaient sur les standards locaux : le look geongangmi a débarqué. À prononcer comme un mantra (ou à écrire fièrement sur ses baskets), geongangmi désigne cette idée de beauté « saine » : finie la silhouette fragile, on veut désormais un corps fort, athlétique – voire carrément bronzé. Plus question de rimer « joli » avec « translucide » !
Dans cet esprit, la normalité change de camp. Yoo Wonhee, jeune femme de 26 ans, s’en réjouit : « Je pense simplement qu’avoir des muscles a l’air plus cool. Je ne veux pas être maigre, je veux être plus grosse. Il existe bien sûr des normes sociales, mais pour moi, il n’y a pas de meilleure norme que d’être satisfaite de soi. » CQFD : la vraie beauté, c’est d’abord d’être bien dans sa peau.
Le sport, nouveau passage obligé
Pas de geongangmi sans sport ! Musculation, Pilates, fitness… Les salles de sport ne désemplissent plus. Une tendance que confirme la société d’études de marché Euromonitor : en l’espace de quatre ans, le nombre de jeunes Coréen(ne)s de 20 ans fréquentant régulièrement une salle de sport a plus que doublé. Oui, ça fait pas mal de tapis de course qui grincent et d’altères qui claquent.
- Musculation et Pilates adoptés en masse
- Fitness comme nouveau hobby branché
- Fréquentation régulière désormais « normale » chez les moins de 30 ans
Et côté rôle-modèle, la pop star Hyolyn ou l’actrice et boxeuse Lee Si-young inspirent la relève. Désormais, une beauté saine rime avec muscles visibles, énergie débordante et (pourquoi pas) effet retour de vacances permanent.
Changer pour mieux vivre… ou juste pour changer ?
Koo Hyun-kyung, à 29 ans fière propriétaire et entraîneuse dans une salle de sport réservée aux femmes, observe le phénomène de près. Selon elle, la priorité de ses clientes a changé : « Pour la plupart, l’objectif de l’entraînement est passé de la perte de poids à l’amélioration de la qualité de vie ». En clair, il ne suffit plus d’être mince et pâle pour réussir dans le fitness, alors beaucoup revoient leurs critères de beauté pour les accorder à de nouveaux objectifs, plus dynamiques – un vrai switch dans les mentalités.
La “beauté saine” : nouveau souffle ou nouvel ordre ?
On pourrait croire que tout le monde lève des haltères de bon cœur, mais la réalité est (comme l’huile de coco sur la peau bronzée) plus complexe. Certain(e)s continuent de préférer l’idéal dominant de « pureté fragile ». Et une blogueuse témoigne avec un brin d’ironie : « Avant, je devais m’affamer. Maintenant, je dois m’affamer et faire de l’exercice. » Difficile, la liberté totale ? On remplace parfois juste une injonction par une autre, et la course au “beau” se poursuit, qu’il s’agisse de pâleur spectrale ou de biceps sculptés.
- Pour : affirmation, puissance, confiance en soi
- Contre : pression, nouvelles normes, impossible émancipation totale
Alors au fond, qui écrit vraiment les standards ? Le seul critère durable ne serait-il pas le bonheur qu’on trouve à s’accepter pleinement ? Si la beauté a ses modes, l’estime de soi, elle, n’a pas de date de péremption.












